Le long d'un sentier, je reste parfois en arrêt, comme un chien de chasse, le pied levé...C'est que vient de me frapper une bouffée de parfum, comme une goulée d'enivrement soudain et sans appel, une réminiscence précise et extasiée, un subtil retour, un souvenir brusque et émerveillé. C'est l'histoire de la madeleine de Proust; un goût, une odeur, et vous êtes brusquement transporté dans un autre monde, un monde d'avant; tout vous revient: les circonstances, les couleurs, les odeurs, les sons, la lumière, les personnes...
Il y a des parfums , qui, de façon soudaine, me replongent dans ce coin de campagne, chez mes grands-parents...
Celui de l'aubépine entre tous , sucré avec un fond de pointe légèrement épicée.
J'allais là-bas , passer quelques jours de vacances... En descendant du car, pendant les deux ou trois cents mètres qui me séparaient de la maison , c'est ce parfum qui m'assaillait, m'apportant avec lui toute la joie et le bonheur d'être là!
Et dans ce petit chemin, voilà l'odeur âcre du géranium "herbe à Robert" qui vient de me surprendre ...On peut me dire , étonné, que "l'herbe à Robert, çà ne sent pas bon", pour moi, c'est une odeur aimée qui me transporte là-bas, dans ce sentier bordé de ronces , non loin du vieux tilleul...
Et puis, il y a aussi ces deux autres fleurs , qui, instantanément, me replongent dans la maison ombragée par le rideau de toile tendu à la porte, devant le vase ventru et côtelé comme les flancs d'un melon,, qui contient les pivoines du jardin , roses et sucrées, ou le bouquet de lilas dans lequel je plonge le visage tout entier , et je respire, je hume, je m'emplis de ces fragrances qui sont pour moi l'image immédiate de ma grand-mère...
. Dans mon jardin, maintenant, la haie d'aubépines , la pivoine et le lilas m'apportent le même bonheur chaque printemps, et je laisse quelques touffes de geranium "herbe à Robert", pour le plaisir soudain de cette bouffée âcre et sauvage, qui me donne à chaque fois que je le frôle, la même surprise émerveillée.
......................................................................................................................écrit et publé sur mon blog orange en juin, 2009
Il y a plusieurs années, j'ai remarqué au fond du jardin, une plante, droite, fière, presque insolente, qui, de ses feuilles symétriques et bien rangées , de son port érigé, semblait défier la tondeuse...
Nous n'avions pas été présentées...Etonnée par cette plante qui avait l'air de promettre des merveilles, je l'ai laissée...Je suis revenue la voir. Elle n'en finissait pas de se préparer, de parfaire l'ordonnance de ses feuilles ...
Et puis , enfin, la fleur est apparue, une fleur étrange, verte et en étoile...
Je venais de faire la connaissance de l'euphorbe. ( Une des nombrueses euphorbes!!!)
(On dit qu'elle chasse les taupes... peut-être si elles passent tout près de ses racines ...)
Le latex contenu dans sa tige est utilisé contre les verrues: mais il ne faut pas l'ingérer! Il est toxique!
Le coquelicot vient de s'éveiller; à peine at-il entrouvert sa paupière, à peine a-t-il défroissé les plis du sommeil et l'incarnat de sa robe, qu il est déjà prêt au baiser!
Regard oblique derrière l'éventail de son jupon qui se retrousse au moindre souffle...
Voilé - dévoilé au plaisir du vent, son oeil noir aux longs cils se laisse à peine entrevoir.
Sous ses dehors fragiles et effarouchés, pulpeux et evanescent, je ne connais pas de fleur plus sensuelle que le coquelicot ! Mais il n'y est pour rien...C'est le vent...
On ne s'étonnera pas du petit côté "chiffonné" des coquelicots! C'est qu'ils ont dormi tout vêtus de leur jupon écarlate.
Ils baillent , se déplient lentement après leur long sommeil, font craquer l'enveloppe qui enferme leur jupe de soie éclatante!
Mais la soie, c'est fragile ! Le lutin qui préside au "rangement" a froissé la toile du petit parachute rouge, qui en conserve un aspect mal réveillé, échevelé et tout froissé!
Encore tout engourdi, il conserve au réveil les plis du sommeil.
J'aime la couleur éclatante et intense des "petits bleus", leur charme juvénile, leur profusion..
J'aime la douceur des "gros violets" bicolores, leur allure un peu chiffonnée de nonchalants oiseaux exotiques qui se teintent de mauve au soleil couchant.
Celui-là est arrivé par erreur au jardin, caché parmi des bulbes de tulipes à l'automne. Je n'ai pas choisi sa coupe de cheveux, trop courte et trop raide à mon goût; mais, puisqu'il est là...
Et puis, au jardin, parmi les iris aussi, il y a le "petit dernier..
Installé depuis un an, donné par une amie, troublé sans doute par les coloris intenses de ses grands frères, fragile, redoutant la froid et la pluie, c'est ce matin seulement, qu'il a osé, discrètement ouvrir sa hampe, caché parmi les marguerites auxquelles il a emprunté ses couleurs, c'est le plus rustique, celui qui fait le moins de bruit, timide , modeste et tout de blanc crème vêtu...
Il faut bien les regarder, les iris, leur magnificence ne dure hélas pas longtemps...
Si les grandes fougères déroulent lentement les escargots de leurs feuilles, (voir : Au bord de la Logne ), la langue de cerf du scolopendre est plutôt une "musicienne" ! Au jardin, son élégante volute enroulée semble avoir servi de modèle à un luthier sculptant amoureusement la tête d'un violon ou d'un violoncelle!
..............................................Trio à cordes ?
Et le pied de cette fougère devient un orchestre à cordes à lui tout seul!